William étant fort occupé ces temps, il m'a demandé de vous transmettre un article paru en 1995 sur la restauration de cette voiture.
Allez, c'est parti :
QUI A DIT QU'IL NE FALLAIT PAS DEMENAGER PENDANT UNE RESTAURATION ? CERTAINEMENT PAS NOTRE AMI, DONT LA C4F DE 1931 A CHANGE DE DOMICILE EN COURS DE TRAVAUX, SOIT 600 KM PARCOURUS, AVEC D'UN COTE LA CAISSE ET DE L'AUTRE LES PIECES DETACHEES...
L'histoire de notre ami est simple : pour occuper sa retraite, il décide de s'acheter une voiture ancienne ayant besoin d'être restaurée : "je savais qu'au bout du travail de restauration, il y aurait le plaisir d'avoir sauvé une ancienne et de rouler avec"
Alors il se porte acquéreur d'une Citroën C4F de 1931, une berline 6 glaces avec l'option malle Coquille, qui a déjà passablement vécu. Ses recherches en préfecture lui permettent d'ailleurs de dresser la liste des propriétaires successifs, le premier l'ayant achetée neuve et conservée du 9 juin 1931 au 27 juin 1950. Une belle fidélité qui ne reproduira plus puisqu'elle sera ensuite la propriété d'un cafetier, d'un boulanger, d'un agriculteur, et enfin en 1976 d'un collectionneur qui la sauve de la mise à la casse et la conserve telle quelle.
Celui-ci la vend donc à notre ami pour s'acheter une Hotchkiss, et le sixième propriétaire de la C4F se retrouve avec une voiture en triste état : "la mécanique était incomplète, la sellerie avait été visitée par les souris, les vitres étaient cassées et forcément la carrosserie était entièrement oxydée. Quant à la malle Coquille, n'ayons pas peur des mots : c'était une ruine..." Pour 11.000 F, en 1988, l'affaire n'est pas vraiment bon marché, mais comme le veut notre ami, elle a vraiment besoin d'une restauration...
Voici une photo de la voiture lors de l'achat, et une pour montrer l'état de la sellerie :
Six mois de stockage : Le premier objectif est de stopper la progression dévastatrice de la rouille, et il démonte entièrement la voiture pour confier le châssis et la caisse à un sableur qui va mettre à nu le métal...et les nombreux trous : "Quand j'ai récupéré les pièces,sablées puis protégées de l'oxydation par une peinture phosphatante, j'ai tout stocké pendant six mois, en attendant de déménager"
Notre ami change effectivement de domicile, et il n'est pas simple de faire faire 600 km à une voiture démontée : "En plus de la caisse démontée, j'avais quelque 500 kg de pièces détachées glanées au cours des différentes bourses d'échanges, ce qui n'était pas fait pour alléger les valises..."
Après le temps nécessaire à son installation dans sa nouvelle maison, notre ami entre vraiment dans le vif du sujet avec le démontage complet des trains avant et arrière. Et les surprises ne se font pas attendre : "Curieusement, les deux lames maîtresses avant n'étaient pas de la même dimension, et j'ai dû en faire refabriquer deux, grâce à un gabarit dessiné sur du papier. Une opération qui m'a coûté 700 F, mais qui n'a demandé que 48 heures"
Puisque tout est en pièces, il en profite pour changer les axes et les rotules qui s'avèrent complètement usés. Comme les rondelles de buis sont encore disponibles dans le commerce, il en achète pour regarnir les amortisseurs à friction. Le pont arrière subit lui aussi une cure de jouvence avec des arbres de roues et des roulements neufs, un démontage et nettoyage de la denture, le remplacement des bagues et des axes, etc. Le remontage du pont sur le châssis permet de peindre l'ensemble (après décapage et ponçage) et c'est d'ailleurs une astuce de notre restaurateur :"Grâce à la présence du pont et des roues, je pouvais déplacer seul le châssis, alors que sans roues, il fallait être deux"
Voici le châssis restauré :
La Coquille reprend forme : Tandis que la mécanique est confiée à un mécanicien, notre ami s'attaque à la caisse et découpe toutes les parties perforées par le sablage pour les remplacer par de la tôle saine : "Un ami tôlier a été mis à contribution, comme par exemple pour refabriquer les enjoliveurs de châssis, sorte de tôle emboutie, qui prenaient place sous la malle Coquille"
Mais le plus gros problème, c'est justement cette malle Coquille que notre ami tient absolument à sauver alors qu'il n'en reste presque plus rien :"J'ai envisagé de multiples solutions mais sans les compétences de deux amis tôliers-formeurs, la malle n'aurait pas pu être sauvée : il leur a fallu beaucoup de patience et de savoir-faire pour confectionner un nouveau couvercle vertical, celui d'origine ayant complètement disparu" Petit à petit, la malle Coquille reprend forme, et elle est mise en apprêt quand la mécanique rejoint sa place dans le châssis. Les pièces se croisent en arrivée ou en partance de chez tel ou tel professionnel, ce qui gagne du temps, mais coûte un peu plus d'argent. A ce stade, les dépenses s'élèvent à 3500 F de sablage, 7500 F de réfection moteur et de radiateur, 7500 F de remise en état des trains avant et arrière. Notre ami se garde tout de même quelques travaux comme la refabrication des marchepieds, le remontage des câbles de freins et du faisceau électrique. pour la sellerie, des mains expertes sont conviées, en l'occurence celles de son épouse :"Ma femme a travaillé à partir d'armatures de sièges entièrement refabriquées, et pour les contreportes, elle a utilisé des panneaux de bois neufs, découpés d'après ceux d'origine qui étaient trop vermoulus pour être réutilisables. Juste pour le chapitre sellerie, il en a coûté 4500 F de tissu d'origine, de galon, de boudins, de caoutchouc, de tapis de sol et de coulisse de glace, auxquels il a fallu ajouter 1300 F de refabrication d'armature..."
Pour d'autres pièces, le talent et le bonne volonté ne suffisent pas pour réparer l'irréparable, et notre ami opte pour la solution des petites annonces : " J'ai eu le problème avec la calandre d'origine, trop abîmée pour être rechromée, et trop difficile à refaire. Alors j'ai dû en chercher une en meilleur état, et c'est dans les annonces du journal La Vie de l'Auto que je l'ai trouvée, pour 350 F. En revanche, impossible de me procurer un cadre de parebrise neuf à un prix correct, et pour ne pas débourser les 1800 F que me demandaient les professionnels de la voiture ancienne, j'ai dû le refabriquer en découpant la forme en double dans une tôle de 2 mm et en soudant par points sur un fer carré de 8 mm, le tout étant ensuite chromé. Celà m'a pris du temps, mais je n'ai déboursé que 800 F, dont 600 F de chromage..."
Montée sur ses roues, la voiture peut alors être hissée sur un camion pour aller chez un carrossier-peintre. Là, c'est une peinture deux tons qui lui est appliquée, avec un bleu foncé pour le toit, un bleu clair pour la caisse et les ailes noires. On est loin du noir intégral d'origine, et notre ami le sait : "J'ai choisi cette couleur d'après celle d'une Citroën C4 exposée à Rétromobile en 1980, mais celà m'a valu bon nombre de discussions dans les sorties de club, rallyes et autres expositions auxquels elle a participé par la suite. Pour certains, c'était plus clair, pour d'autres plus foncé, mais personne n'a vraiment pu me montrer les couleurs exactes d'époque, hormis le noir..."
Notre ami assume donc son choix, et les travaux de tôlerie et de peinture lui reviennent à 12.000 F. Au total, avec les "petites fournitures" (poignées, enjoliveurs, pneus, visserie, etc...) et les frais annexes comme le transport sur plateau, la restauration de sa C4 F de 1931 s'élève à 71.000 F, achat compris. C'est bien au-dessus de la côte Rétroviseur, mais le résultat est là : "Voici une C4 F sauvée de la rouille et de la casse, en 2200 heures de travaux, sur 4 ans. une bonne occupation..."
(D'après un article de M.D. 1995)
Voilà, l'article est recopié le plus fidèlement possible, je laisse le soin à William 29 de nous joindre de belles photos de la voiture restaurée, car sur l'article la seule photo disponible est petite et difficile à reproduire...
Or la voiture semble MAGNIFIQUE !! :lol:
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